Bernouville and Co par THANRON Bernard

        1^er mai en Normandie, à 150km de distance, les 2 épreuves de Bernouville et Hennequeville ont réuni chacune une vingtaine de participants. Les années passées, les organisateurs respectifs se sont entendus en toute intelligence à ne pas prévoir leurs épreuves en concurrence. Ils ne sont en aucun cas blâmables de ce choix de calendrier. Mais cette année, des âmes grises s’en sont mêlées.
      20 participants… le 8 mai, la Voie de la Liberté reliant Ste Ménéhould à Verdun a réuni moins de vingt personnes; 3 épreuves, 3 fois 20 , c’est à croire que les marcheurs sont voués à se regrouper par vingtaines ! (humour)…je crois plutôt que  la pénurie de pratiquants vient du fait que notre sport demande une telle discipline et un tel investissement personnel du pratiquant et son entourage, qu’il est à l’opposé de ces loisirs pseudo-sportifs où l’esprit d’effort et de courage humain est ignoré.
        1^ermai 2010, Bernouville, mais où étaient les marcheurs sur route gourmands de bitume ? Le Colmar à nouveau trahi, les routiers du Grand Fond ont-ils rompu avec le béguin et le sortilège de marcher ? Cumulus blancs sur fond de ciel bleu, champs jaunes de colza embaumeur entêtant sur fond vert de nature environnante, lilas mauves lilas blancs, ce 1^er mai, pour le plaisir des sens, le printemps a été normand. Le thermomètre a affiché un 12° idéalement frais pour les marcheurs. La chance s’était invitée chez Jean-Pierre Grange, les compétiteurs non concernés par le championnat de Basse-Normandie ont eu tort, notre petit nombre solidaire a assuré une belle ambiance. 10, 20, 50, 500km, l’émotion de porter un dossard est toujours aussi ensorceleuse. Ici, le parcours de 2km mesuré officiellement, a emprunté une grande partie des circuits des belles années 2002 et 2003. Le fait d’y mettre les pieds a fait ressurgir machiavéliquement un véritable carrousel d’images souvenirs restées tapies à fleur de peau et de tripes ! Comme quoi la moindre sollicitation peut faire relever la tête du marcheur vers ses illusions avouées d’horizons.
     Georges Tambuté l’organisateur du beau 24h et des brevets de décembre est venu en voisin francilien nous soutenir. Pour le jumelage de Saint Thibault des Vignes et Badia Polésine l’italienne, le marcheur démarrera le 5 juin aux côtés de F rédéric Chabin pour près de 1200km via le mont Cenis et s’arrêter en Vénétie, encore un rêve que seul un marcheur investi sait construire.  
        1^ermai, ici à Bernouville, j’ai ressenti le besoin de courtiser à nouveau madame la Route et de me laisser griser par ses parfums bitumeux. Remise des prix, discours, l’ouverture du chantier magnifique d’un Strasbourg Paris 2011 a été annoncée. Seulement 15 mois de préparation pour un songe de plus de 500km à pied d’une tirée, mes pieds fourmillent déjà, topez-là  ! 20km après 1 an sans dossard, 20km tout au mental ont ravivé l’envie terrifiante et passionnante de se mesurer à nouveau avec l’immensité d’une épreuve légendaire.
        Ce 1^er mai à Bernouville, le rêve déjà réalisé est à nouveau venu frapper à la porte. Il faut maintenant se préparer à le transformer en réalité.
  Alain Legros le juge voisin, nous a encouragé sourire à l’appui. Deux bons mots attrapés au vol ont servi à chaque passage à nous recharger jusqu’au tour suivant. Gilles Letessier et les PLM  Conflanais, Alexeï Rodionov, ont animé de pieds de maîtres cette belle édition. Jean-Paul Spieser a fait le déplacement de ses Vosges, parcourir près de 1000km en voiture aller-retour pour marcher 6h, j’appelle cela une passion exemplaire sans partage. Pour l’an prochain, je souhaite ardemment ne pas être seul en tête du début à la fin sur le 20km…pour cette année, j’ai profité pour ajouter une victoire en solitude parfaite à mon palmarès. Les « autres » n’avaient qu’à venir (re-humour) ! Moins de dix gouttes de pluie dans le dernier tour histoire de rappeler les conditions diluviennes de 2003 et le 20km a été bouclé. Après une année blanche de toute marche, j’ai peiné sur les dix derniers kilomètres, mais le mental de l’époque colmarienne est venu me secourir à point nommé pour me tirer d’affaire. Et mon oreillette m’a diffusé émotionnellement Jean Ferrat le poète. Et j’ai revisité des souvenirs pas si lointains, toujours prêts à servir.
      Individuels, relais, 10, 20, 50km, le menu proposé était parfait. 20 marcheurs…il faut une foi ancrée pour organiser une épreuve de marche, gare à la désertification des épreuves ! que la lassitude ne s’installe pas chez les organisateurs, où iriez-vous marcher ?
  Au nom d’une amitié bâtie par la Marche,  nous reviendrons à Bernouville le 1^er mai prochain.  Merci Jipé et les tiens !
                                                      Bernard THANRON - remarcheur -